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  • Photo du rédacteurSandrine NGATCHOU

Singapour : La génétique relative, le don mitochondrial en débat

Singapour : La génétique relative à savoir le remplacement mitochondrial vaut-elle les risques et les couts ?


C’est un très bel article qui soulève des questions et aborde une réflexion très intéressante sur le don mitochondrial en débat actuellement au SINGAPOUR. C'est le résultat de divers sources parfois traduit de l'anglais.





Une introduction sur ce qu’est l’ADN mitochondrial ?


Le génome mitochondrial a une réplication autonome et active, ne possède pas de système de réparation bien caractérisé, est peu protégé par des protéines et, du fait du nombre important de molécules d'ADN mitochondrial par cellule, pourrait subir des altérations sans mettre en péril la survie cellulaire. Les remaniements de l'ADN des mitochondries sont fréquents au cours des traitements par les carcinogènes et au cours des cancers. Des séquences d'origine mitochondriale ont été détectées dans l'ADN nucléaire ; elles seraient particulièrement abondantes dans des tissus cancéreux. La place exacte des modifications de l'ADN mitochondrial dans le processus néoplasique - épiphénomène ou facteur intervenant dans la cancérogenèse reste inconnue.


L'ADN mitochondrial est une molécule d'ADN circulaire que l'on retrouve dans la mitochondrie. Cette molécule d'ADN code pour une partie des protéines et des ARN spécifiques au fonctionnement de la mitochondrie. L'avantage d'utiliser l'ADN mitochondrial pour l'analyse de la diversité génétique de nos ancêtres, réside dans le fait que les mitochondries sont transmises uniquement par la mère. Cela permet donc de suivre des populations en comparant le degré de similarité de leur ADN mitochondrial.


A partir de 1986 et l’article de Rebecca Cann et Allan Wilson intitulé : « Mitochondrial DNA and human evolution » paru dans Science, les données génétiques relatives à l’ADN mitochondrial sont entrées dans le débat. Les auteurs comparaient les ADN mitochondriaux d’Africains, d’Asiatiques, de Caucasiens, d’Aborigènes australiens, de Nouvelle Guinée et en conclusion disaient que leurs travaux confirmaient l’origine unique africaine d’Homo sapiens. Les travaux de Cann et Wilson reposaient sur la comparaison des fragments obtenus à partir de l’action d’une douzaine d’enzymes de restriction sur un fragment d’ADN mitochondrial représentant environ 9% de la molécule complète. Depuis, près de 5000 génomes d’ADN mitochondrial complet ont été séquencés, appartenant à des individus de toutes les populations mondiales (le génome mitochondrial comprend près de 16600 paires de bases). Autrement dit, les données disponibles en 2010 permettent d’établir une phylogénie solide des ADN mitochondriaux des populations humaines permettant de tester les théories sur l’origine des Hommes modernes.


Une autre façon d’exploiter ces données est l’évaluation de l’importance des différences entre les ADN mitochondriaux des africains d’une part, des non africains d’autre part. On peut utiliser pour cela, la collection sur les africains seulement, et celle sur les non africains. On constate que les différences entre les ADN mitochondriaux des diverses populations africaines sont beaucoup plus importantes qu’entre les ADN mitochondriaux des autres populations mondiales.


Si on admet le principe de l’horloge moléculaire suivant lequel le rythme des mutations dans les diverses populations a été le même, cette grande variabilité des africains indique une période d’évolution plus longue : les premières populations humaines étaient africaines, ce qui réfute l’hypothèse multirégionale.

Parmi le débat international sur la donation mitochondrial, le Comité consultatif de Bioéthique de Singapour a encouragé les discussions nationalement sur la question. Il a récemment ouvert une consultation publique sur les aspects éthiques, sociaux et légaux de cette intervention novatrice.

La consultation est principalement destinée pour informer la politique de don dans le Cas d’une FIV avec don mitochondrial à Singapour. Mais ceci est une parfaite occasion pour réfléchir sur une des questions centrales de ces techniques pertinente pour la société dans chaque coin du monde : Est-elle digne d'intérêt pour qu’une société puisse se le permettre.


Brièvement, le don mitochondrial est une forme de FIV qui utilise l'ADN nucléaire de deux parents destinés, avec l'ADN mitochondrial d'une troisième femme. Ceci peut être utilisé pour empêcher la transmission de certaines maladies rares mitochondriales héritées, ou comme un traitement de fertilité peu orthodoxe pour certains couples pour qui la FIV traditionnelle n'a pas marché. Notamment, au moins deux enfants sont déjà nés via l’utilisation de cette technique controversée (au Mexique et l'Ukraine), de nouvelles attentes pour le Royaume-Uni qui est réglementé par un régime de licence.

Les défis éthiques divers ont été dirigés contre le don mitochondrial. Une des préoccupations, est que l’enfant issu de cette technique ait une relation génétique artificielle avec les trois parents. Cependant, ici je me concentrerai sur une question différente : le don mitochondrial pose-t-il plus de risques et apporte-t-il plus de coûts aux individus dans une société que les avantages ?


Les risques potentiels du don mitochondrial à un l'enfant qui est le résultat de cette technique ont été mis en évidence par quelques commentateurs. Peut-être celui où toute le monde s’est focalisé, étant qu'un certain mitochondrial défectueux pourrait néanmoins être passé aux enfants par la mère qui a la maladie mitochondriale. (par exemple, l’utilisation des techniques sous-jacentes diverses utilisées par l'équipe de Zukin de la clinique Nadiya en Ukraine étaient démodées, plus particulièrement l'utilisation de l’équipe de Zukin d'une protéine virale pour fusionner l'ADN mitochondrial dans l'ovocyte hôte. L’utilisation d’un système électronique qui est beaucoup plus propre, tel qu’a utilisé l’équipe de Zhang au Mexique. Un virus s’intégrera de manière permanente dans l'ADN du bébé futur, tandis que le transfert électronique ne laisse aucune marque génétique durable.).


Au niveau social, développer une réglementation sous régime de licence responsable comme le Royaume-Uni exige des ressources administratives substantielles. Les cliniques de fertilité adoptant la pratique devront attirer des ressources publiques directement et indirectement. Et un coût potentiel plus subtil est que quelques couples affectés par la maladie mitochondrial peuvent profiter de la technique au lieu d'adopter un enfant, ce qui rend difficilement acceptable les familles désirant adopter. "Pour quelles raisons, ces couples disposent d’une prise en charge par une FIV ADN mitochondrial, et pourquoi pas nous ? Pourquoi nous ne pouvons aussi bénéficier d’une aide de ce type en cas d'adoption, pour un enfant à très bas âge.


Bien sûr, le profil de risque de n'importe quel nouveau traitement biomédical est inévitablement incertain et exige que l'investissement social soit mis en œuvre. Nous acceptons ces coûts au motif que les avantages - comme le traitement d'une maladie autrement dévastatrice - sont dignes d'intérêt.


Mais le don mitochondrial est sans doute quelque peu différente. Dans le cas de maladie mitochondriale, cette technique n'implique pas de guérir la maladie d'une personne existante, mais plutôt mettre au monde une personne sans cette maladie.


Les couples qui pourraient profiter du don mitochondrial pour avoir des enfants ont actuellement accès aux alternatives avec des risques beaucoup plus bas et des coûts moindres. Ils pourraient adopter, comme indiqué ci-dessus. Ou ils pourraient utiliser l’ovocyte d’une donneuse et le sperme du conjoint, père destiné de l’enfant, avec des techniques de FIV traditionnelles prouvées. Donc, quelle la valeur supplémentaire apporte le don mitochondrial qui pourrait justifier les risques et les coûts ?


La réponse semble être : De le permettre aux femmes de mettre au monde des bébés en bonne santé avec lesquels ils sont génétiquement liés. Un enfant adoptif n’est pas génétiquement lié aux parents adoptants ou par l’utilisation du don d’ovocytes, l’enfant est seulement lié génétiquement au père. Mais une enfant conçu pas l’utilisation du don mitochondrial, aura un ADN nucléaire combiné de la mère par intention et du père avec seulement l’ADN mitochondrial de la troisième personne incluse dans le processus (qui fait une très petite partie sur l’ensemble du génome humain).


La valeur de la parenté génétique a été considérablement critiquée par quelques philosophes. En effet, il est difficile d'offrir une explication minutieuse pour quelles raisons les questions de parenté génétique tiennent à cœur à quelques personnes et il est donc impossible d’essayer d’apporter des éléments de réponse dans ce billet. Il peut y avoir des explications dans la biologie évolutionnaire ou l'histoire sociale, mais nous pouvons être sceptiques que de tels faits éventuels pourraient faire fi de leur valeur morale assez importante pour s’interroger sur les risques réels et les coûts de don mitochondrial.


Cependant, il est indéniable que beaucoup de sociétés dans le monde entier mettent un poids significatif sur la génétique liée. Singapour n'est pas exception : un cas récent de la Cour Suprême a attribué des dommages et intérêts pour préjudice réel pour la perte de l’affinité génétique après qu’une clinique de fertilité ait mélangée des échantillons de sperme, aboutissant à un enfant lié à un donneur tiers au lieu du père destiné. Cette série télévisée est actuellement diffusée dans une TV locale ici à Singapour, 'Des Bébés à bord', donc l’histoire est autour d'une femme avec des difficultés de fertilité cherchant une mère porteuse (en général, c’est une immigrée clandestine à Singapour) pour porter son enfant. Le désespoir du personnage principal pour avoir son propre enfant n'est pas décrit comme étrange ou anormal - mais cela laisse ouvert la question : peu importe les moyens utilisés, même faire recours à la maternité de substitution, sont acceptables pour atteindre l’objectif.


De la même façon, établir la valeur de la génétique liée ne réglerait pas la question de savoir si le Singapour devrait rejoindre le Royaume-Uni dans l’autorisation du don mitochondrial dans des circonstances encadrées. Il devrait toujours y avoir un jugement prudent de savoir si cette valeur est assez importante pour justifier les risques et les coûts. J'ai évoqué par ailleurs que la valeur est plausiblement assez forte pour poser les fondements d’un droit procréateur pour l’accès au don mitochondrial. Mais ceci est une question pour les Singapouriens, ils doivent maintenant le prendre en considération et s’interroger sur le sujet, comme le Comité consultatif de Bioéthique effectue sa consultation et considère leurs recommandations.


Les vues et les opinions exprimés sont ceux de l'auteur et ne représentent pas les vues et les opinions de l'Université nationale de Singapour ou n'importe laquelle de ses filiales ou associés.



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